30 avril 2014

L'appel de la mer


Je m'appelle Jean. J'ai grandi en Bretagne près de l'océan.
Lorsque la mer n'est pas devant mes yeux, je la ressens dans mon corps. Chacune de ses courbes, ses caresses d'écume, sa houle m'habitent, me sauvent. Je reviens toujours à elle. Elle est ma genèse et mon infini.

Son cri étouffé, ses bourrasques violentes, ses étreintes avec la lune, je n'ai rien oublié. La mer m'emmène loin de tout, loin du tumulte de la ville, loin du tumulte de ma vie. 

Je suis en réunion, mon projet déplaît aux investisseurs singapouriens. Je suis déçu. Je travaille dessus depuis des mois. Je doute. Je commence à perdre mes moyens et la mer me rattrape. Son rire me rassure, elle m'enveloppe de son manteau salé et me protège. 

Je n'entends plus les critiques qui s'abattent sur mon travail, sur chaque ligne de ma présentation papier, sur chaque page du PowerPoint projeté au fond de la salle. On m'interrompt, me contredit. Je suis ailleurs. Je suis heureux. Je sais que l'essentiel est ailleurs et que les intempéries de la vie n'ont pas de prise sur lui. 

Je desserre légèrement les lacets de mes mocassins cirés et imagine mes pieds sur les galets, le contact des galets ronds tiédis par le soleil. Chaque pas est un voyage, chaque ondulation de la mer une aventure.

Il est vingt heures, la réunion s'éternise. Un collaborateur propose une autre idée de projet qui cette fois séduit l'auditoire. Serein je salue son travail.

J'ai échoué c'est vrai. Mon projet n'a pas été retenu. Peu m'importe tant que j'ai la certitude que ce soir la mer s'éloignera du rivage, répétant inlassablement le rythme indomptable des marées.

29 avril 2014

Aux portes de l'Atlas

Les portes de l'Atlas, les portes de la vie, les portes psychiques... 
Certaines s'ouvrent, d'autres sont verrouillées. D'autres restent entrebâillées. Que se cache-t-il derrière?

28 avril 2014

La question de Rilke

À seize ans, j'ai lu Lettres à un jeune poète de Rilke lors d'un ennuyeux séjour dans une famille aux États-Unis. Déjà à l’époque cette correspondance sensible et lumineuse m’avait marquée, avait laisse une trace quelque part en moi.

Il y a deux ans, j'ai lu le journal intime d'Etty Hillesum Une vie bouleversée qui a été comme un guide spirituel, une révélation et est devenu mon livre préféré. Etty Hillesum y citait souvent Rilke. Elle m'a donnée envie de retrouver l'univers de Rilke, son génie, ses réflexions sur la solitude, le silence, l'amour et l’écriture.

Le week-end dernier je me suis replongée dans ses Lettres à un jeune poète qui est toujours dans ma bibliothèque douze ans après :) Depuis je ne cesse de penser à ce passage:

"Rentrez en vous-même. Explorez le fond qui vous enjoint d’écrire ; vérifiez s’il étend ses racines jusqu’à l’endroit le plus profond de votre cœur, répondez franchement à la question de savoir si, dans le cas où il vous serait refusé d’écrire, il vous faudrait mourir. C’est cela avant tout : demandez-vous à l’heure la plus silencieuse de votre nuit : suis-je contraint d’écrire ? Creusez en vous-même jusqu’à trouver une réponse profonde. Et si elle devait être positive, s'il vous est permis de faire face à cette question sérieuse par un simple et fort "j'y suis contraint", alors construisez votre vie en fonction de cette nécessité."

27 avril 2014

Le Sud marocain

Le Sud marocain, l'appel du lointain, le rose, l'ocre, les effluves d'agrumes, les plaines d'arganiers, l’éternel, l’inchangé, la simplicité, l'indomptable.

26 avril 2014

À l'étroit






























Se sentir à l'étroit dans un tailleur
qui ne nous va pas
Ne pas oser dire ce que l'on pense
tout bas

Faire un pas de côté
Se mettre au ban de la société
Ne plus savoir qui nous sommes
Perdre la foi en l'homme

Vivre plusieurs existences
Cela a-t-il un sens?

Avoir une vie rangée ce n'était
pas pour nous
Dans cet univers contrôlé
nous tombions à genoux

Nous nous sommes éclipsés
au milieu de l'été
Envie de liberté
de plumes et de légèreté

24 avril 2014

La beauté silencieuse

Ces fragments de vie auxquels nous ne prêtons plus attention par habitude. Ces choses qui appartiennent à notre décor, à la quotidienneté. Nous sommes habituéà leur présence alors nous ne les distinguons plus. Elles se transforment en une masse si informe qu'elles en deviennent invisibles. Ces traces de beauté silencieuse ont pourtant la saveur de l'éternité. 

C'est la lumière gourmande du matin, l'odeur d'aube mouillée qui envahit la salle de bain après la douche, les effluves onctueuses que laisse ton sourire, les mots voluptueux du bouquin de la veille, le halo bienveillant de la lune, notre être enveloppé dans un manteau de pensées, l'air parfumé du printemps qui s'infiltre sous les jointures des fenêtres et s’évanouit dans les fissures du papier peint.

Ces minuscules morceaux de vie ont pourtant un charme fou.

21 avril 2014

Poème d'avril

Sensation

Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, — heureux comme avec une femme.

Arthur Rimbaud - Poésies

20 avril 2014

Istanbul l'insaisissable

Istanbul est bruyante, immense, arty et pleine de vie et de saveurs à toutes heures. 

Elle est la seule ville au monde à chevaucher deux continents, l'Europe et l'Asie. On peut chercher à définir, à classer Istanbul c'est peine perdue et c'est justement ce qui la rend fascinante. Il ne faut pas chercher à la comprendre, juste à la vivre et à se laisser surprendre par ses contradictions.

Durant ces deux mois passés à Istanbul, je me suis rassasiée de splendeurs byzantines à Sainte Sophie et Saint Sauveur-in-Chora. Un vrai régal pour les yeux... Je me suis laissée emporter dans un tourbillon de céramiques bleues et vertes au harem de Topkapi. Je me suis émerveillée de la pureté et de la grandeur des mosquées de la ville. Je me suis prise pour James Bond à la citerne basilique.

Pour flâner et errer, rien de mieux que de se perdre dans les ruelles des quartiers bohèmes de CihangirÇukurcuma et dans les boutiques vintage près de la tour de Galata.

Le dimanche nous allions acheter nos fruits et légumes au marché populaire et si authentique de Tarlabaşı qui se tenait dans notre rue. Non de là, se niche un petit bijou d'art moderne, le musée consacré à l'artiste turc Burhan Dogancay, célèbre pour ses murs urbains. 

Niveau gastronomie, impossible de passer à côté des jus de grenade, du thé turc, des dolma, des döner et autres kebap, des loukoums, des sandwichs de poisson et du raki qui est le pastis turc.

Parfois nous allions faire un tour à Bebek pour admirer le coucher du soleil le long du Bosphore non sans être choqués et amusépar la vulgarité des"nouveaux riches"turcs nombreux dans ce quartier. 

Pour la vie nocturne, Istanbul n'a rien à envier à New-York et à Londres. Les quartiers de Karakoy et Ortakoy recèlent de bars et de boîtes avec des rooftop avec vue sur le Bosphore ou sur toute la ville.  J'ai aussi aimé l'ambiance des petits bars alternatifs autour de İstiklâl, la rue de Rivoli locale qui part de la place Taksim et va jusqu'au quartier de Galata. 

İstiklâl abrite de nombreuses chaines de magasins turques et internationales mais on y trouve aussi des galeries d'art et des ambassades. Autour d'Istiklâl, les ruelles regorgent de salles de jeux assez folkloriques où les hommes se retrouvent pour jouer au backgammon et aux cartes.

Istanbul est en plein boom économique et continue sa mutation comme en témoignent les nombreux chantiers de bureaux et d'habitations de part et d'autre de la ville.

C'est un immense chaos coloré, où il fait bon vivre bien que les tensions politiques restent vives. Istanbul se heurte au choc des cultures des turcs pro-tradition et de ceux pro-modernité et liberté.  Il m'ait arrivé à plusieurs reprises d’être au milieu de manifestations contre l'AKP, le parti d'Erdoğan. 

17 avril 2014

Voyage intérieur


Je sillonne des recoins que peu emprunte. Je me perds dans les méandres infinis de l'âme humaine, à la recherche de l’essence de mon être que j'ai fui pendant tant d’années. J’accepte de perdre le fil de ce qui est insignifiant. J’essaie non sans mal de ne pas fléchir devant les obstacles psychiques.

Je sens le monde vibrer en moi. Les rainures sur le tronc d'un arbre, le souffle du vent du nord, les champs de colza éclaboussés de soleil, le regard d'une mère, le bruit du TGV qui s’élance à toute vitesse sur les rails. Je ressens tout ça en moi. Je ferme les yeux, je pars en moi et tout existe encore, tout est intact. Sans jugement, sans rajout, sans excès. 

La nature abonde dans mon cœur, la vie s'infiltre dans mon âme et une onde de douceur parcourt mon corps. Elle balaie tous mes doutes, les larmes de l’après-midi et les interrogations du matin. La magnificence du monde recueillie en mon âme me console de tout. L'infiniment grand, l'absolu a raison de mes chagrins.

Pas à pas, j’entrevois de manière fugace l’éclat invisible de l’univers, la sublime substance des choses et la grâce de l’essentiel.
 

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